SAINT ANTONIN-SUR-BAYON

APERCU HISTORIQUE DE LA COMMUNE

 

LE SITE

Avec une population d’environ 120 habitants répartis sur une superficie de 1753 hectares, Saint-Antonin constitue une des plus modestes communes de Basse Provence.

Cependant, sa situation géographique unique, en position dominante surplombant la vallée de Trets, offrait une relative sécurité face aux envahisseurs, avantage renforcé par des eaux qui y coulent en abondance à partir de diverses sources. Ces atouts ont conféré au lieu une histoire assez riche depuis des temps très anciens, malgré un sol relativement peu fertile et malgré son isolement, puisqu’ en effet, jusqu’au XVIIIe siècle, un simple chemin reliait la localité à Aix-en-Provence .

Castrum – Oppidum de Saint-Antonin-sur-Bayon, var
Castrum – Oppidum de Saint-Antonin-sur-Bayon

LES PREMIERS TEMPS

L’existence de nombreux silex, de morceaux de poteries, de vases, d’amphores, de murs en pierres sèches atteste que le site de Saint-Antonin a été habité depuis les temps de la préhistoire.

La présence romaine se manifeste à Saint-Antonin sur une période d’environ 600 ans, à partir de 122 av. J.-C., année de la création de la ville d’Aix-en-Provence, jusqu’en 476 apr. J.-C., année de la chute de l’empire romain.

Très tôt, les romains décident d’alimenter Aix-en-Provence à partir des multiples sources d’eau de Saint-Antonin et construisent un aqueduc qui relie les deux localités, construction dont on peut encore voir quelques fragments, notamment en bordure de la route D17 et en aval de la commune.

D’autres vestiges romains subsistent, un pressoir à huile, situé sur un promontoire au dessus du village, à proximité du « Castrum d’Untinos » aujourd’hui disparu, ou encore le dolmen de Maurély, type de monument très rare en Provence.

L’occupation romaine est marquée par de nombreuses invasions : Vandales, Burgondes, Wisigoths, Ostrogoths, Francs, Maures.

LE TEMPS DES EGLISES : du Xe siècle jusqu’au XVe siècle

L’histoire proprement dite de Saint-Antonin commence en l’an 950, à l’occasion de la donation, faite par Conrad, roi de Bourgogne et de Provence, résidant à Arles, du domaine de la vallée de Trets à Arlurf, premier vicomte de Marseille. Ce domaine inclut les terres du lieu qui ne s’appelle pas encore Saint-Antonin.

Les héritiers d’Arlurf, propriétaires du fief et du castrum dits de « Baïdo » – aujourd’hui Bayle -, situé aux confins Sud du plateau du Cengle, y construisent une église, qu’ils cèdent avec le castrum et les terres attenantes en 1064 à l’Ordre marseillais de Saint-Victor.

Fondé en 415 près du Vieux Port de Marseille, cet ordre religieux constitue le premier monastère qui, à Marseille, se soit doté d’une Règle. Bénéficiant au fil des ans de nombreuses donations dans la région, l’Ordre de Saint-Victor devient rapidement très puissant à Marseille et en Basse Provence.

C’est vers la fin du XIe siècle que Saint-Victor baptise « Saint-Antonin » l’église de Baïdo aujourd’hui disparue, probablement en souvenir d’un saint marseillais très populaire au Ve siècle qui s’appelait Antonin. Le vocable est vite étendu à la totalité de leurs possessions, et les prieurs de Saint-Victor qui sont appelés à gérer le domaine deviennent seigneurs de Saint-Antonin.

Au XIIe siècle, ils construisent près du Bayon une autre église, qui existe encore, ainsi qu’une maison pour le prieur située à l’emplacement actuel du château.

En 1143, Saint-Victor cède le domaine de Bayle, qui constitue une partie de ses propriétés de Saint Antonin, aux Templiers. L’Ordre du Temple a été fondé en 1118 par des chevaliers qui avaient suivi Godefroy de Bouillon à la Croisade ; il est dissous en 1307 par le roi Philippe.

Les Chevaliers sont remplacés en 1312 par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Créé à Jérusalem vers 1090, et établi à Aix en 1130, l’Ordre de Saint-Jean constitue un ordre religieux et militaire voué au service des voyageurs, des pèlerins et des malades. Les Hospitaliers ne résident pas à Saint-Antonin ; ils se contentent de louer leurs terres.

Au cours du XVe siècle, la population augmente régulièrement et de nouvelles constructions (bastides, fermes, et même une troisième église aujourd’hui disparue) apparaissent à Saint-Antonin.

En 1489, la seigneurie de Saint-Antonin est cédée par Saint-Victor au chanoine Guillaume du Puget, qui avait acquis peu auparavant la propriété et la seigneurie de Bayle auprès des Hospitaliers, ainsi que diverses fermes et terres.

La seigneurie de Saint-Antonin se trouve alors élargie à l’ensemble des possessions de Guillaume du Puget ; elles correspondent à la superficie actuelle de la commune.

LES TEMPS MODERNES

Au XVIe siècle, la seigneurie de Saint-Antonin est transmise, par héritages et par mariages, d’abord aux comtes de Rémusat, très ancienne famille de Provence, puis au XVIIe siècle à Gaspard de Garnier, dont la famille conserve la seigneurie jusqu’à la Révolution.

Après bien des atermoiements, l’église actuelle, plus vaste que celle du Bayon plutôt exigüe, est enfin construite au village en 1738. En 1787, l’église reçoit une statue du Bienheureux Clair, abbé de Vienne, qui vécut au VIIe siècle. L’événement donne lieu à une importante célébration.

Quelques années auparavant, le château a acquis sa configuration actuelle : après un incendie qui le détruit partiellement, une nouvelle façade Sud est édifiée en 1769.

La Révolution se passe sans événement majeur pour Saint-Antonin.

Fait rarissime dans le pays, la Convention délivre des certificats de civisme aux châtelains et au curé de Saint-Antonin, qui attestent que le château et l’église restent proches des habitants du village. Avec la suppression des nombreux impôts et taxes de l’ancien régime – cens, taille, gabelle, capitation, redevances diverses sur les récoltes…-, la population voit enfin ses charges allégées.

Au cours du XIXe siècle, la terre de Saint-Antonin, qui couvre la totalité de la superficie actuelle de la commune soit 1753 hectares, passe entre diverses mains.

La propriétaire la plus marquante de la deuxième moitié du siècle reste Madame de Fitz-James, épouse séparée du 7e duc de Fitz-James, grande dame au caractère affirmé. La duchesse acquiert également le château de Châteauneuf-le Rouge et ses terres. Mais elle est obligée de vendre le tout au début du XXe siècle à la suite d’essais de plantations diverses qui se révèlent financièrement désastreuses.

Le domaine de Saint-Antonin est alors acquis, pour la plus grande partie, par Paul Maurin de Carnac qui en redynamise l’exploitation. Il est morcelé à partir de 1950 du fait des héritages successifs.

ETYMOLOGIE DU NOM « SAINTE-VICTOIRE »

Cette appellation se rapporte à la magnifique montagne qui surplombe directement le village de Saint-Antonin, et qui a tant inspiré le peintre aixois Paul Cézanne.

Diverses explications sont données sur l’origine du nom de Sainte-Victoire.

L’explication la plus vraisemblable veut que le nom soit celui d’un dieu de la religion celte, appelé Ventur ou Vintour. Au Moyen-Age, ce nom se transforma en Sainte Adventura ou Sainte Venturie, saintes qui n’ont jamais existé. Ces noms seraient devenus Sainte-Victoire au fil des temps.

Une autre explication, moins vraisemblable, lie le nom de Sainte-Victoire au souvenir de la victoire remportée dans la plaine de Trets par le général romain Caius Marius sur les Teutons.

Enfin, un ermitage de Carmes fut construit au XVIIe siècle, près du sommet Ouest de la montagne. Il comprenait bâtiment, chapelle, enclos et jardin. Il fut abandonné à la Révolution, et restauré vers 1960. La Croix de Provence, qui domine l’ermitage, haute de 19 mètres, a été érigée en 1875.